Il se peut que la récente guerre du Liban relève d’un de ces prurits identitaires plutôt que de stratégies complexes que nos experts se plaisent à déployer devant nous, ces jours-ci.
Les réactions à cette guerre sont souvent d’autant plus décevantes qu’elles énoncent des propos plus ronflants et "décisifs". Par exemple, on nous dit que le Hezbollah est devenu une force crédible, un pôle politique essentiel par sa "victoire", par le fait qu’il a tenu tête à Israël plus d’un mois; il a ainsi redonné au monde islamique sa dignité, et des masses de jeunes ou moins jeunes se reconnaissent dans son emblème, etc. Cela veut dire surtout que le sentiment de cette dignité est bien bas pour se contenter du fait qu’un groupe armé, qui s’est terré pendant un mois, faisant des sorties hâtives pour lancer ses petites fusées dont 1% a fait mouche, qu’un tel groupe soit le nouveau drapeau que brandissent des masses frustrées. Pour ce qui est des dégâts, Israël les a limités à très peu de chose, même s’il n’a pas (car personne n’a encore) de solution au problème des katiouchas que l’on tire presque au hasard. Solution qu’on finira bien par trouver: n’oublions pas qu’au plus fort des attentats-suicides, notamment lors de l’Intifada, des stratèges occidentaux, surtout français, nous expliquaient que le monde islamique détenait là l’arme absolue, à savoir l’homme chargé d’explosifs. Et on a fini par réduire la portée de cette arme absolue à très peu de chose. Certes, le terrorisme (suicidaire ou pas) continue à atteindre son vrai but qui est de rendre la vie pénible aux usagers de l’espace public; mais de là à ce qu’il répare l’humiliation fondamentale du monde arabo-islamique, humiliation dont j’ai montré ailleurs les racines identitaires, il y a un curieux forçage que certains n’hésitent pas à faire, sans doute pour être alarmants, donc pour paraître intéressants.
Continuer la lecture de Des crises de prurit identitaire →