La géométrie variable des rituels s’illustre bien dans Hanoucca
C’est une petite tradition rapportée par le Talmud qui parle de la fameuse fiole qui se rattache à l’inauguration du temple ou plutôt de l’autel des sacrifices, quand les Macchabées l’eurent reconquis, et voulurent fêter leur victoire en rappelant l’inauguration du premier Temple par Salomon qui avait duré huit jours. Mais les huit jours sont aussi là pour rappeler qu’une certaine fête, Souccot, n’avait pu être célébré. Autrement dit un rituel c’est comme un rêve, avec des interprétations, des surdéterminations, des ramifications qui l’enrichissent. Avec des traditions différentes. Par exemple Maoz Tsour pour les ashkénazes et le psaume 30 pour les séfarades.
Un rituel c’est une manière de s’appuyer sur des signifiants qui ont couru le long du temps et c’est aussi prendre appui sur ce que cette course elle-même rappels. On peut aimer cette fête parce qu’on se rappelle la manière dont on la fêtait il y a 20 ou 30 ans dans d’autres circonstances et d’autres pays. Richesse aussi du mot Hanoucca qui en hébreu résonne avec éducation. C’est bon de rapprocher inaugurer de éduquer ; alors qu’inaugurer, c’est entrer dans l’acte d’augurer c’est-à-dire de consulter le divin et de faire un vœu au début d’une entreprise ; et c’est une sacrée entreprise que d’éduquer.